Patrimoine

L’ÉGLISE DE SOULIGNONNES

XIe et fin du XIXe siècle

Le portail de l’église, détérioré à la Révolution, est restauré vers la fin du XIXe siècle. La nef comprend trois travées inégales.

Y a quelque chose qui cloche !

Voici, retranscrit ici sans aucune correction du texte, ce que nous rapporte le Bulletin de la Société des archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis de 1890 :

« Le 8e juillet 1696, nous curé soussigné, avons fait monter une cloche sans bénédiction, pour servir à cette paroisse. Les raisons du défaut de cette cérémonie est que cette cloche ayant esté faite une fois à Saint Michel[1], le seigneur de Nieul et la dame de Ransanne, comme parrain et marraine, estant imprimés dessus la ditte cloche, toutefois au refus de la dame de Solignonne, la ditte dame de Solignonne c’estant avisée après son refus et croyant que les autres noms sur cette cloche luy seroient préjudiciables, fait un procès, et par un acte, somme le fondeur de briser les noms de Nieul et Ransanne, pour y engraver le sien et celuy du seigneur évesque ; ce qui ne se pouvoit faire sans la refondre, de manière qu’à sa sollicitation elle a esté refondue une seconde fois à Corme Royal, ayant promis de payer la ditte cloche, et de rembourser tous les frais et avances que nous dit sieur avions avancé. Après la refaction, la ditte dame de Solignonne se mosqua du sieur curé, prétendant mesme avoir le droit de demander un autre prestre que luy pour la bénir. Le sieur curé de Plassay fut commis par le seigneur évesque Guillaume de La Brunetière, tout bon à la demande de Magdelaine de Solière, ditte dame de Solignonne qu’il avoit autrefois veue à Parri, pour faire cette cérémonie, et la devoit nommer Magdelaine-Geneviève. Pour cet effet vient, le dimanche gras, 4e de mars au dit an; mais il s’en retourna comme il estoit venu, c’est-à-dire sans rien faire : car ou la cloche estoit trop chaude , ou point d’argent pour la retirer. C’a esté plutost le dernier qui a privé nostre cloche de cérémonie : car le fondeur ne la voulut point donner qu’il ne vist clair. Laditte cloche demeura deux mois à Corme ; le fondeur, ne pouvant estre payé, nommé Jean Thomas1, se pourvut contre la dite dame, pour se faire payer, par devant M. l’intendant, qui n’en voulut pas coignoistre ; de sorte que ledit Thomas vouloit rompre et briser nostre cloche, à quoy je m’opposé, et luy marqué que j’estois prest à le payer, à condition qu’il osteroit les noms de Magdeleine de Solière et Sacharie de Salbert, qui se disoient seigneurs d’icy, ce qu’il fit, puisqu’il n’estoit pas juste que je payasse les honneurs de ces sortes de gens. Tellement que je suis bienfaiteur de cette cloche, ne m’attendant pas qu’il m’en cousteroit 177 livres d’argent, sans compter une paire gros chaine est de potain, un mortier pesant 8 livres, un chandelier, trois grands plats d’étain, une cloche à cuire du fract (fricot ?) et trois livres d’autres frais de manière qu’il m’en couste 230 livres[2], tant pour la façon de ladite cloche que pour l’augmentation qui a esté de 156 livres, de sorte qu’elle pèse à présent 360 livres. Le clochier estoit en très mauvais estat ; je l’ay fait planchier ; Jacques Bodin, dit La Liberté, m’a rendu les planches. Les habitants m’avoient promis de me rembourser, ce que quelques uns ont fait, mais peu : il n’y a point de foy dans une communauté ; obligés-la, vous n’obligez rien. Je me repens pourtant pas de cette réparation. Car j’avois les oreilles rompues d’entendre une petite cloche félée qui sonnoit comme un chaudron. Cela n’a pas laissé que d’aggraver et d’invétérer davantage la haine que la dite Solière avoit conceu contre moy, ce qui me fait peu de peine, mettant tout au pied de la croix et me soumettant entièrement à la volonté de nostre seigneur Jésus Christ, le priant de me vouloir pardonner s’il y a du mal dans le présent récit. RICHARD, curé de Solignonne. »


[1] Saint-Michel de La Nuelle écrit aussi la Niheulle, près Pont-l’Abbé.

[2] En valeur contemporaine, 230 livres valent environ 4 172,46 euros

  1. Sur la cloche, on lira Georges THOMAS et non Jean THOMAS ↩︎

LE CHÂTEAU DE RANSANNE

A Soulignonnes, étymologiquement « pays du Lignon« , affluent de l’Arnoult, est implanté le château de Ransanne, depuis le XVème siècle. Il s’agit d’une demeure massive, composée d’un corps de logis rectangulaire, flanqué de part et d’autre de deux tours en fer à cheval. Lui faisant face, un bâtiment rectangulaire, ayant fait office d’écurie et d’hébergement pour les gens de maison, a été doté, par la suite, de deux tourelles à visée décorative (probablement du XVIIIème siècle). Ces tourelles, dénommées « échauguettes », sont assez semblables à celles que l’ont peut admirer, par exemple, à Brouage.

On pénètre dans le château par une tour carrée, dotée de mâchicoulis. Le tympan, surmontant la porte, comporte encore les traces du blason de la famille Delorme de Ransanne, blason endommagé pendant la Révolution.
Passé le seuil, un escalier à vis, en pierre de Crazannes, dessert trois niveaux de plans similaires. Au rez-de-chaussée, seul un salon a été remanié au XVIIIème siècle, dans le goût de l’époque, avec des boiseries peintes et un parquet « Versailles ».
La salle à manger du XVème siècle, percée de nouvelles fenêtres au XVIIIème siècle, a conservé sa cheminée monumentale d’origine, faite de pierres sculptées.
Conférant une vraie cuisine et salle à manger, plus fonctionnelles à l’ensemble, une construction en moellons, couverte de tuiles romanes, fut ajoutée, côté est, au XVIIIème siècle.

D’abord propriété de Guillaume de Ransanne, puis de sa descendance au XVème siècle, le fief entra dans la famille le Brethon, du XVIème au XVIIIème siècle. Après quoi, il changea souvent de mains.
Inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques, la demeure a fait l’objet d’une minutieuse restauration depuis que la tempête de décembre 1999 l’endommageât terriblement.
Le jardin, labellisé « Jardin Remarquable » en 2010, est doté d’espaces fleuris et potagers de collection, d’une orangerie, d’un pigeonnier.

LE MOULIN À BLÉ ET À HUILE

Daté d’entre 1850 et 1875, ce moulin fonctionnait avec une roue hydraulique et une chute d’eau d’environ 1,4 mètre. L’eau de l’Arnoult était déviée pour l’alimenter. Une salle des machines est édifiée pour abriter une turbine qui entraîne le mécanisme du moulin. Elle est complétée par un moteur en été, et l’électricité est installée en 1940. Son exploitation pris fin en 1976.

Un des moulins de Bapaume.

LE FOUR À PAIN

Ce bien privé fut l’objet d’un don par les 3 propriétaires à la commune de Soulignonnes. Il est entièrement restauré et fonctionne lors de certaines activités communales.

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